Booba VS Fabe
Publié le 4 Juin 1997
Milieu des années 90, deux types de rap se confrontent, le 'conscient' et le 'gangsta rap' (issue de la west side outre Atlantique). Pour Fabe (membre de la Scred Connexion), le rap doit faire réfléchir, instruire et dénoncer ; il ne comprend absolument pas les rappeurs hypocrites qui s'inventent des vies et qui parlent de mafia, de crime... Fabe vit rue Myrha à Barbès (18ème), connait la rue et ne supporte pas les rappeurs qui prétendent connaitre la rue mais vive en pavillon.
1997, Fabe sort l'album Le fond et la forme qui contient le titre Des durs, des boss, des dombis...! Le morceau s'attaque entre autres à :
Stomy Bugsy (qui était revenu sur le passage de Fabe dans l'émission Taratata sur son morceau La guerre du rap) "La guerre du rap, elle fera plaisir aux Bèc'-Bèg' / Aux fils de riches qui passent du R.A.P au solfège / C'est son public d'ailleurs, si je n'm'abuse" et "Lève la tête : t'es beau en stard-co, dommage que tu t'la pètes" en référence à la cover de l'album Le calibre qu'il te faut.
NTM car le revendiquait être contre le système et vouloir mettre le feux, notamment sur le titre Qu'est ce qu'on attend ("Mais qu'est-ce, mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu?") avec les paroles "Des mythomanes, qui jouent les pyromanes aux Bains-Douches / Parlent de crimes pour la rime et se font passer pour... "
Lunatic et particulièrement Booba qui avait sortie Le crime paie sur la compilation Hostile et Les vrais savent sur L432. D'une part, Fabe trouvait que le morceau donnait un mauvais exemple à la jeunesse et d'autre part que Booba ne connaissait rien à la rue et avait grandit dans la banlieue chic (Meudon-la-forêt) dans un pavillon. Les références sont nombreuses dont "Parlent d'avoir du cash, n'ont pas assez pour prendre un taxi" (reviens sur la cause d'incarcération de Booba qui avait braqué un taxi) et "Le Hip-Hop est plein de gangsters en toc / Qui vivent dans des pavillons, nous prennent pour des couillons / Parlent de crime mais ne tuent que des papillons / Parlent de la rue mais ne connaissent que ses stations... / De métro, MC qu'en fait trop, j'ai une idée / Laisse la place à ceux qui, consciencieux, n'ont aucun contentieux / A régler, laisse faire les experts".
Fabe - Des durs, des boss... des dombis !
Bien que le morceau soit implicite, Booba qui est encore en prison (suit à son jugement pour le braquage d'un chauffeur de taxi), comprend bien qu'il est la cible. D'ailleurs il répondra ironiquement dans le morceau la lettre (sorte de correspondance entre Ali et Booba pendant sa détention) présent sur l'album Mauvais Oeil ; en modifiant la phase de Fabe "C'est tellement bas qu'pour en parler, faudrait qu'j'me fasse mal au dos" en "Je suis tombé si bas, que pour en parler faudrait que je me fasse mal au dos / Putain quelle rime de bâtard !" avec la même intonation.